7 janvier 2006
Aujourd'hui j'ai rendez-vous avec des oiseaux un peu plus gros que je ne fréquente pas habituellement, accompagné par notre guide Jérémy Allain.
La baie de Saint Brieuc, dans les Côtes d'Armor, fait partie des trois plus grandes baies de la côte nord de la Bretagne. Cette réserve est intégrée dans le site de Natura 2000.
Avec leurs milliers d'hectares découverts à marée basse, avec leurs filières changeantes qui n'en finissent pas de se recouper et de se diviser tant qu'elles n'ont pas rejoint la mer, l'anse d'Yffiniac et la baie de Morieux forment un paysage à part.
On peut se perdre dans cet univers de sable et d'eau. Il suffit pour cela de s'avancer par grandes marées basses jusqu'aux limites incertaines de la terre encore ferme et du flot mouvant... Attention alors aux filières : dès que la mer remonte, le courant les grossit, les transforme en autant d'obstacles pouvant devenir pièges mortels.
Il faut donc étudier le parcours, conserver des repères et ne jamais franchir à la légère ce qui n'est parfois, à marée descendante, que minces filets d'eau miroitants au soleil. Cela peut devenir à marée montante autant de courants encerclants. Attention donc... mais cela dit n'hésitez pas, vous ne regretterez pas le voyage. Vous pourrez d'ailleurs le renouveler souvent car le spectacle change non seulement au fil des saisons mais même à chaque heure du jour.
Les bernaches commencent à se faire entendre : elles cacardent en effet comme des oies qu'elles sont. C'est en bandes de plusieurs centaines qu'il faut alors les chercher, à la longue vue, dans les premiers mètres du front de mer ou dans les replis des filières.
Elles arrivent au mois d'octobre après un long voyage qui peut atteindre 8 000 km. Il peut se regrouper entre trois et quatre mille individus à barboter dans les eaux de la baie de St Brieuc chaque hiver.
Elles s'y nourrissent d'algues vertes principalement et même pour être plus précis 2 kilos par jour. Il est bien dommage qu'en été elles soient occupées quelque part au nord de l'Oural, sur les côtes de la toundra sibérienne, car c'est alors qu'elles nous seraient le plus utiles pour enlever toutes ces algues vertes !
C'est pour se reproduire que les oies bernaches remontent vers le nord à partir de février-mars. Là-bas on ne sait trop ce qui se passe et notamment pourquoi les choses ne se passent pas toujours bien. Mais au retour, le constat s'impose : le nombre des jeunes qui accompagnent les parents est très faible deux fois sur trois.
Pour cette espèce comme pour beaucoup d'autres, la mise en réserve naturelle de l'Anse d'Yffiniac en 1973 a été tout à fait bénéfique : les oiseaux, non dérangés, ont augmenté en nombre et sont aussi devenus plus facile à approcher.
Pour en savoir plus : VivArmor Nature et Maison de la baie de St Brieuc