La forêt n'est pas seulement le royaume des arbres. Pour de nombreux végétaux et animaux la forêt constitue un biotope indispensable. C'est le cas de nombreuses espèces d'oiseaux.
Il est souvent difficile, pour les débutants, de bien voir les oiseaux en forêt. Parce qu'ils ont des prédateurs, ils sont naturellement méfiants et discrets. C'est au printemps (mars à juin) que la forêt résonne partout du chant des mâles et d'ailleurs beaucoup plus le matin de bonne heure qu'à tout autre moment de la journée... En été la nidification est pratiquement terminée, les oiseaux muent et les premiers migrateurs nous quittent. D'octobre à février, il y a peu d'oiseaux en forêt, ils se déplacent souvent en petits groupes (mésanges, roitelets, grimpereaux...) et crient peu. Malgré l'absence de feuilles, même les sédentaires sont peu visibles.
Rôle biologique des oiseaux en forêt
Comme tous les animaux, chaque espèce d'oiseaux joue un rôle particulier dans le fonctionnement et l'équilibre de la forêt. Ainsi, les insectivores du feuillage (mésanges, fauvettes pouillots, roitelets) consomment un nombre incalculable d'insectes (adultes, chenilles et oeufs). Ces prédateurs, qui contrôlent efficacement les insectes les plus nombreux, permettent le maintien d'espèces secondaires qui sans cela ne résisteraient pas à la compétition des plus abondantes. Les oiseaux contribuent donc à maintenir une biodiversité élevée tout en réduisant les pullulations.
La Société Ornithologique d'Armor a installé seize nichoirs dans ce cadre magnifique près Saint Brieuc. Ils sont régulièrement nettoyés, voire remplacés au début de l'année en préparation de la future nidification. Fin avril, début mai, c'est là que nous intervenons toutes les semaines pour vérifier les différents stades de préparation de la nidification, de la ponte et du développement des oisillons.
Pour commencer, nous allons visiter le nichoir à sittelle torchepot. Sur seize nichoirs, un seul a été occupé par cet oiseau magnifique.
Aspect
De la taille approximative d'un moineau, la sittelle torchepot est facilement identifiable grâce à son long trait oculaire noir, à son bec large et puissant et à sa queue courte. La couronne, la queue et le dessus sont bleu gris, plus foncé sur les ailes. Le dessous est brun orange, virant à l'orange foncé sous la queue. La gorge et les joues sont blanches. Les couleurs du mâle et de la femelle sont semblables mais chez le mâle le dessous de la queue et les flancs sont brun marron, alors que chez la femelle, ils sont plus pâles. Les oiseaux originaires de Scandinavie sont plus pâles en dessous.
Comportement
Les oiseaux de la famille des sittelles partagent un talent unique : à l'aide de leurs griffes puissantes, ils peuvent grimper et descendre sur un tronc d'arbre à la verticale. Pics et grimpereaux escaladent les arbres tête en haut ; la sittelle se déplace en tous sens sur les arbres, même la tête en bas. Elles se déplacent aussi sur la face inférieure des branches. Cependant, elles sont incapables de descendre complètement à la verticale le long des troncs mais seulement en oblique et en zigzag. A cet effet, elles sont pourvues d'un doigt recourbé en permanence vers le haut qui retient le poids du corps.
La sittelle, oiseau forestier, peut fréquenter les jardins avec des grands arbres. Oiseau très peu sociable, la sittelle vit généralement toute l'année en couple sur un territoire bien délimité, auquel elle est très attachée. Elle le défend même en hiver, contre ses congénères.
A l'instar des mésanges noires et nonnettes, elle est connue pour faire des réserves de nourriture dans des crevasses, notamment des noisettes, qu'elle mangera en période de disette. Dans son long bec, elle peut emmagasiner deux ou trois graines de tournesol. Elle s'envole alors en direction d'un arbre pour dissimuler son butin dans les crevasses du tronc. Elle camoufle ses caches de graines avec des morceaux d'écorce, de lichen et de mousse. Comme la sittelle est très fidèle à son territoire, elle retrouve toujours ses cachettes aux cours de ses pérégrinations. Elle coince les noisettes dans des crevasses et assène de puissants coups de bec jusqu'à ce que la coque se fende en deux. Ces martèlements sont si forts qu'on croirait entendre un pic. |   |
C'est un oiseau cavernicole. La nidification est généralement établie dans les troncs d'arbres creux. Ici, elle s'est installée dans un nichoir que nous avons installé.
Elle le garnit de morceaux d'écorces.
Lorsqu'elle juge l'entrée du nid trop grande, elle la rétrécit en collant les unes sur les autres des boulettes d'argile, de boue, de fumier et de salive ; puis elle les façonne et les polit à l'aide de son bec : ce mélange durcit rapidement et forme une construction très solide. Ici ce qui l'a gênée le plus, c'est que je venais la voir toutes les semaines ; alors elle a essayé de condamner le couvercle, mais en vain.
Tout au long des semaines, j'ai filmé le nichoir à sittelle torchepot et c'est au montage que j'ai remarqué une différence tout d'abord entre les oeufs n°1 et n°2. Vous voyez qu'ils sont presque pareils, mais il y a une petite différence dans la forme et la grandeur.
Malheureusement le premier oisillon est mort. Ce n'est pas une jeune sittelle, c'est une mésange bleue. Que s'est-il passé ?
Jeune mésange bleue
Tout simplement une des mésanges bleues ayant pondu s'est fait évincée par le couple de sittelles torchepots qui a adopté ces oeufs et pondu les siens propres.
En moyenne la femelle mésange bleue pond entre dix et douze oeufs et la sittelle entre six et huit oeufs. Cela faisait trop à couver. Une bonne partie de ces oeufs ne sont pas arrivé à maturation. Pour les mésanges bleues et les sittelles torchepots, il faut le même temps d'incubation, soit treize à quatorze jours.
Chez la sittelle, les petits quittent le nid vingt-deux à vingt-quatre jours après l'éclosion et apprennent à grimper adroitement sur les troncs d'arbre, même la tête en bas comme leurs parents. C'est différent chez la mésange bleue : les oisillons s'émancipent au bout de seulement 18 à 19 jours. Donc les deux mésanges bleues se sont envolées avant la jeune sittelle qui est restée seule environ cinq jours.
Je me pose quand même une question : à la sortie du nid, est-ce que les parents sittelles ont continué à nourrir les deux jeunes mésanges bleues ?
Parmi les quinze autres nichoirs à St Barthélémy, il y en a un occupé régulièrement par un couple de mésanges nonnettes.
Nelly en admiration
La nonnette est une mésange assez commune des bois ; identifiable à sa calotte noire, ses joues blanches, la partie supérieure de ses ailes marron-gris et la partie inférieure chamois et gris clair.
Nous sommes début mai et cette femelle va couver ses oeufs durant treize à quatorze jours. Comme la plupart des mésanges, elle niche dans une cavité. C'est un oiseau cavernicole. En général, elle réalise une seule couvée.
Huit petites mésanges nonnettes sont nées.
Elles resteront encore dix-huit ou dix-neuf jours dans le nichoir où elles seront nourries d'insectes et de larves par les parents.
Les plus chanceuses pourront vivre une dizaine d'années.
Sur quinze nichoirs installés par la S.O.A., le plus grand nombre est habité à la saison de la reproduction par la petite mésange bleue. Ce sont neuf couples qui ont pondu et élevé leurs petits. Je les ai régulièrement suivis durant le mois de mai. Certaines d'entre elles ont niché une deuxième fois au mois de juin, mais je me suis arrêté là pour observer d'autres oiseaux que vous pouvez consulter que vous pouvez consulter sur mon site à la rubrique Le film « vivre avec les oiseaux ».
Et pour finir voici le dernier occupant de nos nichoirs : c'est la mésange charbonnière. Elle est moins présente que la mésange bleue. Seulement quatre couples, qui ont quand même donné au total trente-quatre petits qui se sont envolés. Je suis persuadé que si on augmentait encore le nombre de nichoirs dans ce cadre magnifique, ils seraient pratiquement tous occupés. Mais toujours le même problème : le prix du bois pour fabriquer ces nichoirs, les installer. Il faut aussi beaucoup de temps pour observer les oiseaux et suivre leurs nichées.
Elles viennent de naître
Bilan de la saison 2004 : Grâce à la S.O.A. trente-quatre mésanges charbonnières, quatre-vingt onze mésanges bleues, une sittelle et huit mésanges nonnettes sont nées à la première couvée sur le site de St Barthélémy.
Chaque année, avant le début du printemps, il est nécessaire de faire un état des lieux de " notre domaine ornithologique ". La végétation, les conditions climatiques, les " squatteurs " endommagent souvent quelques nichoirs pour lesquels, de toute manière, il est nécessaire de procéder au nettoyage : la vermine trouve souvent refuge dans les anciennes litières des nichées de mésanges et sittelles (nous avons déjà vu un groupe de mulots s'en échapper à l'ouverture et, si vous aimez vous surprendre, c'est génial !).
Cette année, la surprise a été de taille et de toute autre nature : un vent de tempête y a soufflé comme jamais ! Le Conseil Général, propriétaire des lieux, a décidé de procéder au nettoyage du bois, et les forestiers n'y ont pas été de main morte.
Pour la saison 2005, notre réserve sera donc équipée de dix-sept nichoirs avec une inconnue toutefois au niveau du biotope : comment les oiseaux vont-ils se comporter après la grande lessive opérée du côté des arbres ?
Rendez-vous fin avril pour les premières observations.
Numéro du nichoir | Zone 2 - En partant du haut |
W 83 | 10 petites mésanges sont mortes (quelques jours) |
U 67 | 10 mésanges charbonnières |
62 | Pas trouvé |
U 02 | 12 mésanges bleues |
Numéro du nichoir | Zone 1 - En partant du haut |
R-01 | 7 mésanges bleues + 5 oeufs clairs |
R-02 | 13 mésanges bleues voir photo 6 |
W 12 | 8 mésanges nonnettes voir photo 4 et 5 |
R-03 | Frelon voir photo 2 |
R-04 | 9 mésanges charbonnières |
87 | Rien (vieux nichoir) |
R-05 | 15 mésanges bleues |
R-06 | Frelon |
U-16 | 10 mésanges charbonnières voir photo 7 |
R-07 | 6 mésanges bleues + 6 oeufs clairs |
R-08 | Frelon |
15 | Rien (vieux nichoir) |
W 04 | 6 sittelles torchepots mortes à 7 jours voir photo 1 et 3 |
Grand nichoir | 8 mésanges charbonnières |
Observations :
Beaucoup d'oiseaux prêts à s'envoler le 22 mai : 59
Dans les nichoirs où il y a eu des frelons toujours rien.
Au mois de mai il y a eu 100 naissances :
J'ai fabriqué un grand nichoir pour gros oiseaux mais un couple de mésanges charbonnières s'y est installé.
Avec une inspection au milieu du mois de juin, j'ai constaté avec Nelly que la mésange bleue n'élève qu'une nichée sauf rares exceptions.
Quelques couples de mésanges charbonnières ont mené à bien deux nichées successives la seconde étant souvent commencée avant que les jeunes de la première ne soient indépendants.
Numéro du nichoir | Remarques |
W 83 | 6 mésanges charbonnières |
U 16 | 6 mésanges charbonnières |
W 04 | 8 mésanges charbonnières |
Cela fait plus d'une quinzaine d'années que la Société Ornithologique d'Armor a déniché ce transformateur désaffecté situé au pied du barrage de St Barthélémy. L'idée, était de lui donner une seconde vie au profit des oiseaux. Après des années de discussion, EDF a donné son feu vert en 1997. Après avoir envisagé un moment de le démolir, EDF a finalement accepté de le désaffecter et de le céder pour le Franc symbolique à la S.O.A. Reste tout de même 2500 Francs de frais de notaire à la charge de l'association. Le bâtiment est situé dans une zone superbement boisée, sur la commune de Ploufragan. Cette tour carrée en béton est en très bon état, mesure douze mètres de hauteur sur une surface au sol de vingt-cinq mètres carrés. Nous envisageons d'y créer quatre niveaux pour abriter un local exposition, des activités pédagogiques et un observatoire. L'étage supérieur pourrait devenir un nichoir pour oiseaux de nuit et à chauves-souris.
Nous lançons un appel aux associations et institutions intéressées par la création d'un tel site : nous sommes prêts à signer une convention entre les différents acteurs. Par ailleurs le projet ne pourra se faire qu'avec l'aide de partenaires financiers. Donc l'appel est lancé.
Je vais finir cette page sur une image malheureuse. Durant une sortie ornithologique, un dimanche matin, début juin, j'ai aperçu un chien attaché à un arbre. Je trouve qu'il est révoltant d'abandonner un animal en pleine forêt. Heureusement j'avais mon portable sur moi, j'ai prévenu la SPA par l'intermédiaire des sapeurs pompiers.