St Julien (Côtes d'Armor)
En voilà une qui porte bien son nom ! Au printemps, son chant est l'un des plus harmonieux et des plus variés qu'on puisse entendre. Le merle lui-même, dont les talents dans ce domaine sont unanimement reconnus, doit lui rendre des points. Curieusement pourtant, la grive musicienne est de nature timide et discrète. Pas facile pour la filmer ! J'ai dû installer le caméscope le plus loin possible pour ne pas la déranger.
Elle a un plumage d'un brun marron sur le dessus plus foncé et blanchâtre en dessous et jaunâtre sur la poitrine, avec de nombreuses petites taches brun noir sur la gorge et la poitrine.
La hardiesse qu'elle manifeste du haut de ses perchoirs, avec une évidente satisfaction, n'est que passagère. Elle n'a d'autre objet que d'affirmer un droit de propriété sur le territoire où elle se trouve, au moment de s'établir pour fonder une famille. Passé ce moment euphorique, l'oiseau disparaît de l'avant-scène et rejoint les coulisses. Le temps n'est du reste pas si lointain où elle ne quittait jamais, pour ainsi dire, la forêt. Par la force des choses, elle s'est rapprochée de l'homme au fur et à mesure de l'urbanisation des campagnes.
Bien que très répandue en Bretagne, y compris sur les îles pourvues de végétation, la grive musicienne n'en est pas moins menacée. Sa population connaît un déclin rapide ces dernières années. Les grands froids de certains hivers ont, dans le passé, largement contribué à éclaircir ses rangs. Sa chair estimée en fait par ailleurs une cible de choix pour les chasseurs. Fort heureusement, elle tend de plus en plus à se réfugier dans les parcs des villes et les jardins publics lui offrant à la fois le couvert et la sécurité.
Si elle parade ostensiblement à la tête des grands arbres, trouver son nid n'est pas chose simple pour autant. Avec un peu de chance et beaucoup de persévérance, on le découvrira dans un conifère, un fourré ou une haie d'épineux. Pour cette tache ; j'ai été aidé par mon ami Jean-Noël Minier passionné d'oiseaux depuis sa tendre enfance.
La grive musicienne utilise de la boue et du bois vermoulu pour l'aménagement intérieur du nid qui est de forme conique. Elle se distingue fondamentalement des autres espèces de grives par cette particularité. Une fois séché, le nid affiche une résistance telle qu'il peut encore être reconnu et utilisé des années plus tard. Ce nid est fabriqué exclusivement par la femelle.
Tout aussi étonnant que le nid, les oeufs sont d'un bleu ciel faiblement mouchetés de brun. Ils contrastent par ce fait fortement avec la couleur terre foncée de l'intérieur du nid.
La ponte se compose traditionnellement de quatre ou cinq oeufs couvés exclusivement par la femelle. La période d'incubation s'élève à quatorze jours.
La femelle demeure sur les jeunes les premiers jours, le mâle se chargeant seul de la nourriture.
Les jeunes grives musiciennes possèdent une peau couleur chair avec un faible duvet foncé.
Le plus frappant est ce gros bec large doté d'une arrière-bouche jaune et de commissures d'un blanc sale. Lorsque les parents atterrissent sur le nid, ils créent une vibration, laquelle provoque chez les jeunes l'ouverture toute grande du bec et l'étirement du cou.
La propreté du nid est étonnamment maintenue par les parents. Les déjections des jeunes encore emballés dans leur petite membrane, sont immédiatement emportées par les parents et éloignées à l'aide du bec.
Recherchant sa nourriture dans les fourrés, elle mange une grande quantité de baies et de fruits. Elle raffole aussi des petits escargots qu'elle casse sur une pierre plate.
Les jeunes grives musiciennes grandissent rapidement et peuvent quitter le nid au bout de quinze jours. Une période identique sera encore nécessaire afin qu'elles puissent fermement se tenir sur leurs propres pattes. Un couple donne environ deux à trois couvées par an.