Les Faucons crécerelles


 

Préparation du film

Les généralités

A la recherche d'un nid

Ils sont nés

Le faucon, un oiseau protégé

Les films

 

Tout a commencé par la prestation que j'ai réalisée à l'occasion de l'univers-cité d'été de Ploufragan en août 2004. Après le film « Vivre avec les oiseaux », j'ai fait la connaissance avec quelques personnes qui avaient des oiseaux dans leurs jardins. L'une d'entre elles connaissait un endroit à Ploufragan, près de chez elle, où nichait depuis un an un couple de faucon crécerelle.


C'est un petit rapace de la taille d'un pigeon et son envergure atteint 70 à 80 centimètres. C'est l'oiseau de proie le plus courant et c'est celui qui apparaît le plus souvent dans les zones habitées. Ils étaient installés dans un des quatre trous de mur qui servent à aérer un grenier. Bien sûr ils ne pouvaient pas rentrer à l'intérieur de la maison car c'était calfeutré avec de la laine de verre.







Au début de l'année, le rendez-vous était pris avec les charmants propriétaires qui me montrèrent leur grenier et leurs protégés.


Pour filmer en général tous les oiseaux, je prends beaucoup de précautions. Il ne faut surtout pas qu'ils abandonnent leurs petits ; ça ne m'est pas encore arrivé ! Au départ je ne filme que les oeufs et j'attends que les oisillons naissent pour intervenir avec mon caméscope en le laissant fonctionner pendant au moins une heure. Quand je réalise ce film je ne suis pas là et les parents ne voient qu'un drôle d'appareil placé sur un trépied, un échelle, une branche.

Revenons à nos faucons. Avec l'accord des propriétaires, que je profite encore de remercier, j'ai commencé par installer un "système" pour les filmer à l'intérieur du trou. Dans le grenier j'ai fabriqué, avec l'aide de morceaux de bois, une sorte de petite étagère pour poser mon caméscope et un petit trou pour passer l'objectif. Puis je laisse mon caméscope en place et je récupère la cassette enregistrée. Les faucons crécerelles ne se sont pas rendus compte que j'ai réalisé un film sur eux et ils ont continué leur vie habituelle.

En moyenne, j'ai filmé quatre-vingt dix minutes tous les jours pendant plus d'un mois après l'éclosion. Calculez quatre-vingt dix minutes pendant un mois ; ça fait à peu près 45 heures de film. Bien sûr, je ne garde que les images intéressantes. Au total, je suis arrivé à 4 heures sur la vie de ces faucons crécerelles. Après montage, il ne faut pas que ce film dépasse une heure. Le plus dur c'est de sélectionner les images et de les raccourcir ! Les images qui sont sur le site internet sont tirées du film.




Dans une maison voisine, je monte également au grenier (j'aime bien les greniers) et je place mon autre caméscope à un petit velux pour filmer l'entrée du trou. J'allume mon caméscope et je vérifie que c'est bien cadré (zoom sur 15) et je m'en vais pendant une bonne heure chez moi et ça fonctionne tout seul. Parfois j'ai filmé pendant plus d'une heure et je n'ai vu que le trou d'entrée avec aucun oiseau. Ce n'est pas par exemple une nichée de mésanges avec ses cinq cents allers quotidiens pour nourrir leurs rejetons affamés.


J'avais calculé à peu près le jour de l'éclosion (vingt-sept à trente et un jours) ne sachant pas exactement quand elle avait commencé à couver. Vers la date d'éclosion, je passais tous les jours pour vérifier en allumant seulement le caméscope. Bien sûr souvent la femelle était sur ses oeufs. Et puis un jour...

 

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les Généralités


Je vais tout d'abord vous parler de ce magnifique oiseau que j'ai appris à connaître et à respecter.





Perché, il paraît tout petit. Avec ses trente-cinq centimètres de hauteur, c'est un poids plume dans le monde des rapaces. La buse est quatre fois plus grosse que lui, tout comme son redoutable cousin, le faucon pèlerin. Le faucon crécerelle est le rapace diurne le plus répandu en France. On en dénombre environ cinquante mille.





Pourtant, le petit crécerelle est un chasseur terrible. Chaque matin, avant de partir en chasse, il vérifie ses armes. Le plumage avant tout doit être impeccable. S'il est sale et en mauvais état, le vol sera moins souple et les attaques moins fulgurantes. Avec précaution, le faucon le lisse de son bec en soignant particulièrement les longues plumes des ailes, les rémiges, et celles de la queue, les rectrices. Ce sont elles qui assurent la vitesse et l'adresse de son vol.


Le faucon crécerelle n'est pas le plus rapide des faucons, mais c'est le champion du vol sur place. Comme il est relativement maladroit pour chasser les oiseaux, il se rabat sur les petits animaux des champs.


Ça y est, il est prêt pour la chasse, il s'envole puis s'immobilise dans le ciel, en jouant avec le vent. Les plumes de la queue en éventail, il bat rapidement des ailes ; sa tête reste parfaitement immobile, le regard fixé vers le sol. Tout en bas, à trente mètres au-dessous de lui, il repère le moindre frémissement d'herbe.

Suspendu en plein ciel, il fait "le Saint-Esprit".

En raison de ses méthodes particulières de chasse, le faucon crécerelle a longtemps fait l'objet d'une certaine croyance selon laquelle il hypnotisait ses proies. Certes son oeil ne manque pas d'acuité ; plus sérieuse cependant est la vérité. Elle est tout simplement que l'oiseau, économe de ses efforts, fait du surplace dans l'attente du moment le plus favorable pour s'approprier le butin.

Certaines années, à la fin de l'été, les campagnols pullulent : il peut y en avoir mille par hectare, c'est-à-dire dans un carré de cent mètres de côté.

http://cote-nature.net/

Lorsque le campagnol aperçoit cette ombre menaçante au-dessus de lui... il est déjà trop tard. La ration du faucon crécerelle est de trois ou quatre campagnols par jour. Quand ceux-ci sont nombreux, rien de plus facile : une demi-heure de chasse suffit. Mais en période de disette, le faucon vole pendant des heures, la faim au ventre, pour se contenter bien souvent d'un insecte. Et s'il pleut trop, c'est le jeûne forcé.

(photo Pascal Dubois)








La digestion des proies aboutit au rejet de petites pelotes grises (longueur : 20-36 mm ; diamètre : 10-15 mm) très semblables à celles de la chouette chevêche.


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A la recherche d'un nid




Au matin le faucon regagne son piquet habituel. Mais, surprise ! Il y a déjà un autre faucon. En fait, c'est une femelle. Le mâle, d'abord furieux, tournoie et pousse de petits cris. Quel culot ! Oser pénétrer sur ce territoire dont il est le maître depuis des mois. Mais bien vite, son agressivité se transforme en opération de séduction. D'un coup d'aile, il part dans le ciel, fait mine de piquer sur sa femelle, puis décrit des cercles en n'agitant que le bout des rémiges. Sa future compagne semble s'intéresser à son manège... Pendant plusieurs jours, il continue à lui faire la cour et lui offre en cadeau des petits rongeurs. Le couple est scellé... au moins pour la saison.


Les couples se forment au début du printemps. Ils acceptent la présence d'autres couples sur leur territoire de chasse et ne défendent que les environs immédiats du nid.






La femelle se reconnaît à sa tête rousse, de la même couleur que le reste du corps. Sa queue est barrée de rayures noires. C'est facile ! Poids moyen : cent quatre-vingt treize grammes.





Le mâle est plus coloré. La tête, la nuque et la queue sont d'un joli gris bleuté, la gorge blanchâtre, le sourcil brun, peu accentué, la moustache noirâtre, la cirre et le cercle orbital jaunes, le manteau roux tacheté de noirâtre, les rémiges noires, la queue barrée de noir et terminée par un léger liseré blanc, le dessous crème, moucheté verticalement de brunâtre, les pattes jaunes. Son poids moyen est de cent cinquante-six grammes.


Le mâle explore la région à la recherche d'un emplacement pour son nid. Peut-être dans cette falaise qu'il connaît bien ? Une petite anfractuosité dans le rocher, à l'abri de la pluie, lui conviendrait parfaitement.




Pour faire leur nid, la plupart des rapaces sont très exigeants. Mais le faucon crécerelle, lui, peut utiliser un vieux nid de pie ou de corneille, un trou dans un mur ou au sommet d'un pylône électrique, le dessous d'un pont ou un nichoir artificiel. Certains nichent même par terre, dans les dunes. Mais jamais ils ne construisent eux-mêmes leur nid. Et ils n'apportent même pas quelques brindilles pour le rendre plus confortable.


Trouver le nid, c'est le travail du mâle. Et ce n'est pas une mince affaire !

Cet arbre isolé est parfait. Manque de chance, une corneille s'y est déjà installée. Cela sera peut-être pour l'année prochaine...






Finalement, c'est la femelle qui décide. Elle s'installe dans un des quatre trous de ce grenier situé dans la commune de Ploufragan. Très bien placé, en plein milieu du terrain de chasse, il domine les environs. Les deux faucons pourront ainsi repérer les pies et les corneilles de loin, et les attaquer si elles s'approchent trop.


Les oeufs sont pondus tous les deux ou trois jours. Il peut y en avoir entre 3 et 6. Plutôt arrondis, leur couleur varie de l'ocre pâle au blanc crème plus ou moins taché de roux et de brun rouge. Taille moyenne : 31 x 39 mm ; poids : 21 grammes.






La femelle commence souvent à couver avant d'avoir pondu tous ses oeufs. C'est pour cela que tous les petits ne naissent pas le même jour.








Enfin, le 22 avril, les cinq oeufs sont tous pondus. L'incubation dure de vingt-sept à trente et un jours. La femelle ne quitte presque plus son nid.






Régulièrement, son compagnon arrive à tire-d'aile, une proie dans les serres. « Trric, trric », après quelques roucoulades excitées, elle prend le campagnol et part le croquer un peu plus loin. Histoire de se dégourdir un peu les ailes !






Pendant ce temps, le mâle surveille les oeufs. Pas plus d'une demi-heure ! Déjà, elle revient. Au bout de vingt-cinq jours, la femelle ne s'absente même plus pour manger. L'éclosion approche. Pas question de rater la naissance.








Attention à la pie bavarde. Si elle en a l'occasion, elle n'hésitera pas à gober un oeuf ou deux.


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Ils sont nés








Au petit matin du 22 mai, l'aîné est sorti de sa coquille. Il s'intéresse déjà à tout ce qui bouge, autour de lui. En dodelinant de la tête, il suit le vol d'une mouche. Quelle chaleur pour un mois de mai et puis on est bien dans ce lieu à l'abri du vent !


 







Quelques heures après le second commence à percer sa coquille.







C'est le début d'une lutte acharnée pour survivre. Celui qui pépiera le plus fort sera le premier servi. Et s'il n'y en a pas assez pour tout le monde, tant pis pour les derniers. Mais pour deux, il n'y a pas de problème !







Sur la couvée, trois oeufs n'ont jamais éclos. Peut-être n'ont-ils pas été fécondés, ou ont-ils mal supporté les changements de température. Cela arrive souvent. De toutes façons, les parents auraient eu du mal à nourrir cinq petits becs affamés.







A la naissance, les petits sont recouverts d'un duvet tout blanc. Ils pèsent quinze grammes.







Pendant les deux premières semaines, la femelle ne quitte presque pas son nid. Tout son temps est consacré aux poussins.







Le premier duvet blanc est remplacé la deuxième semaine par un duvet gris rosé. Les plumes apparaissent à partir du vingt, vingt-cinquième jour, et le plumage est complet à un mois.








Le mâle vient d'apporter une proie.







La femelle s'en saisit. C'est toujours elle qui découpe les proies et les donne à manger aux poussins.


Au bout de quinze jours, les petits poussins fragiles sont devenus des gaillards costauds et affamés. Le mâle ne suffit plus au ravitaillement. La femelle s'y met à son tour. Tout est bon : campagnols, mulots, sauterelles, lézards, grillons, hannetons, musaraignes, taupes, vers de terre et petits oiseaux n'ont qu'à bien se tenir. Même les chauves-souris doivent se méfier. L'oiseau chasseur fond sur tout ce qui bouge. L'un après l'autre, dix à vingt fois dans la journée, mâle et femelle apportent des proies au nid. A leur arrivée, les jeunes faucons se mettent à crier et à sautiller. Ils saisissent la proie et apprennent à la déchiqueter tout seuls.

La naissance des petits correspond normalement à une période de grande abondance de proies dans la nature. Mais quand les printemps sont froids et pluvieux, nourrir les petits devient presque impossible.

Chez nous, 80 % des proies du crécerelle sont des campagnols et des mulots.

Comme tous les animaux chasseurs, le faucon ne réussit pas ses attaques à tous les coups. Bien souvent, il repart les serres vides.

Aux alentours d'un mois, les jeunes faucons se risquent au bord du nid.






Ils agitent les ailes frénétiquement. Mais le trou devient vite trop étroit.








Enfin ils se sont envolés au bout de 28 jours.


Leurs premières expériences de vol se font sans même qu'ils s'en aperçoivent. Mais le plus dur, c'est d'apprendre à chasser. Heureusement, les parents sont encore là pour apporter de la viande fraîche. La mortalité reste très grande pendant toute la première année. Six faucons sur dix ne verront pas le printemps qui suit leur naissance. Seuls les plus solides atteindront 8 ou 9 ans. Le record de longévité est de 16 ans.






A la fin juillet, les jeunes crécerelles savent se débrouiller tout seuls, ils partent explorer le monde. Certains vont s'installer à côté, d'autres font des centaines de kilomètres pour un nouveau territoire.


Puis, avant l'hiver, des jeunes et des adultes partent en migration. Les plus aventureux franchissent les montagnes, survolent les mers et le Sahara. D'autres, plus casaniers, restent chez eux, malgré le froid. Bonne chasse, petits faucons !

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Le faucon, un oiseau protégé






Le faucon crécerelle est le plus commun des rapaces diurnes. En débarrassant les champs des mulots et des campagnols, il est utile à l'agriculture et devrait être l'ami de tous. Pourtant, bien qu'il soit aujourd'hui protégé, il est encore bien souvent victime de la bêtise des hommes.


Beaucoup de faucons ont payé de leur vie cette coutume visant à éliminer les espèces dites "nuisibles" parce que présentes en trop grand nombre. Chaque année en mai et juin, les chasseurs français tiraient dans les nids de pies et de corneilles aperçus dans les arbres, ignorant que les faucons et les hiboux les utilisent aussi pour nicher. Il a fallu attendre 1989 pour que cette pratique dangereuse et inutile soit interdite.
Malgré la loi qui les protège, de nombreux faucons sont encore tirés chaque année par des chasseurs sans scrupule. Les centres de soins, qui récupèrent les oiseaux blessés, en recueillent entre cent cinquante et deux cents par an, dont un bon tiers criblés de plombs, les autres électrocutés ou empoisonnés par des pesticides. En tant que prédateur, placé en fin de chaîne alimentaire, le faucon concentre en effet les produits toxiques contenus dans ses proies.




Aujourd'hui, le faucon crécerelle se porte bien, il est même présent partout : dans les campagnes, sur les bas-côtés d'autoroutes, au sommet des cols ou sur les falaises du bord de mer. Bravant la pollution, il niche même au coeur des grandes villes. A Paris, il s'est installé dans la tour Eiffel, à Notre-Dame et au château de Vincennes. On le soupçonne même d'avoir fait son nid dans une tour de verre et de béton à La Défense. Ayant su s'adapter à la vie des hommes, il profite de tous les bons coins.


Faussement accusé, par les chasseurs, qui voyaient en lui un destructeur de gibier, ce petit rapace a payé un lourd tribut à cette renommée. Sur ce point au moins, justice lui est aujourd'hui à peu près rendue. Non seulement il ne s'attaque ni aux autres oiseaux ni aux mammifères de taille supérieure à la sienne, mais il s'avère un précieux auxiliaire de l'agriculteur. Le faucon crécerelle fait plus et mieux que les produits empoisonnés à usage du rat des champs.

 

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2006







3 mai : c'est reparti pour une autre année !







27 mai, cette année ils sont trois.







10 juin : les trois petits se portent bien. Je vais les laisser vivre leur vie.


 

La vie d'un couple de faucons crécerelles


 

 

Des faucons crécerelles à Ploufragan


 


 

Faucons crécerelles 2013


 


 

Sauvetage d'un faucon crécerelle


 


 

Clips


 

       

 

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